Perturbateurs endocriniens, quand le débat fait rage
L’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) et l’ECHA (l’Agence européenne des produits chimiques) ainsi que la Commission européenne travaillent en lien avec les autorités de chaque État membre pour tenter d’identifier les critères pertinents pour classer ces substances.
A ce sujet, le débat fait rage : des écologistes, le député écologiste de l’Hérault Jean-Louis Roumegas en tête, soutenu par Générations futures et par le Réseau environnement santé, dénoncent la lenteur des décisions de l’Europe sur les PE, quand d’autres associations comme le collectif Sauvons les fruits et légumes crient à l’obscurantisme et réclament une attitude plus raisonnable envers les perturbateurs endocriniens.
Il faut légiférer
Roumegas a en effet demandé à Bruxelles de « publier sans délai une nouvelle communication stratégique d’ensemble sur les PE » dans un rapport publié fin février(1). Selon lui, le dossier sur les perturbateurs endocriniens « s’est enlisé, au point que rien de concret ne sera acté avant les élections de mai au Parlement européen et le renouvellement de la Commission européenne qui s’en suivra ».
Il souhaite ainsi que l’Europe adopte un texte présentant une définition unique des PE « fondée sur le critère de danger intrinsèque, incluant substances avérées et substances suspectées, afin d’en faire une classe distincte des autres produits chimiques toxiques ». Celui-ci devra permettre d’engager des actions visant à réduire l’exposition des populations aux PE et interdire « les molécules incriminées pour leurs usages susceptibles d’affecter les publics vulnérables et pour leurs usages dispersifs ».
Enfin, il préconise une meilleure information du grand public et davantage de recherches scientifiques.
De son côté, le collectif Sauvons les fruits et légumes, mouvement citoyen dont l’objectif est de sortir les producteurs de l’impasse réglementaire, accusent les écologistes d’adopter une stratégie de la peur. Pour eux, les recherches scientifiques n’ont pas encore identifié clairement les substances présentant un effet avéré sur l’Homme, et qui nécessiteraient donc la mise en place de mesures nécessaires. Ils appellent à une attitude raisonnable en attendant des réponses de la part de la communauté scientifique. Faire pression sur l’Etat français quitte à s’attirer les foudres des autres membres de l’Europe ne ferait, selon eux, que contribuer au déclin de notre pays. En adoptant une position différente des autres pays européens, la France se tirerait une balle dans le pied, accentuant la baisse de production de fruits et légumes déjà en cours depuis le début des années 2000.
En France, la discussion sur les PE est toujours en cours au niveau interministériel. Des conclusions doivent être présentées en avril devant le Conseil national de la transition écologique.
Au niveau européen, on constate des distorsions : des Etats s’impatientent comme la Suède qui a officiellement annoncé fin février qu’elle déposerait plainte contre la Commission Européenne en l’absence d’avancée sur le dossier des perturbateurs endocriniens. La ministre suédoise, Lena Ek a en effet déclaré lors d’une intervention à la radio « Si ce n’est pas fait d’ici deux mois, alors qu’il s’agit d’une question grave du point de vue de l’environnement et de la santé, nous entamerons un procès à l’encontre de la Commission. »
*
Sur les perturbateurs endocriniens :
- Les polluants les plus fréquents dans notre alimentation
- Les 3 conseils pour éviter le bisphénol A…
- Les phtalates dans l’Encylo-Ecolo
- 30.000 substances chimiques surveillées
(1)Le rapport est consultable à l’adresse suivante : http://www.assemblee-nationale.fr/14/europe/rap-info/i1828.asp