Distributeurs bancaires, portiques où valider son billet, bouton d’ouverture de porte, montres… Les gauchers doivent s’habituer dès leur plus jeune âge à vivre dans un monde de droitiers. Y compris quand il s’agit d’apprendre à écrire, de faire ses lacets ou de couper une feuille avec des ciseaux.
Les mystères de la latéralisation
Il faut dire que les gauchers sont largement minoritaires : ils représentent au plus 10 % de la population, ce qui n’est pas rien non plus ! Mais pourquoi naît-on gaucher ou droitier ? Cette variation de la latéralisation du cerveau humain demeure encore en grande partie un mystère. On sait que cela se joue dès les premières semaines de la grossesse. Mais encore ?
On suppose que, par défaut, la programmation de notre cerveau codée par le génome fait que l’on est et que l’on naît droitier. Et dans le cas contraire ? Une récente étude publiée dans Nature permet de creuser plus loin dans ce qui n’est pas un choix mais un fait. Et les origines se trouvent dans des variantes génétiques, affectant l’activité d’un gène précis dans un tissu donné.
Une mutation liée aux gauchers
Pour aller plus loin, ces chercheurs se sont concentrés non pas sur les séquences génétiques composant 1 à 2 % de notre ADN, mais sur les variantes génétiques affectant directement la séquence des protéines elles-mêmes. Ainsi, via l’analyse du génome de près de 350000 personnes figurant dans la base de données anglaise Biobank, ils sont ainsi parvenus à identifier une mutation rare, mais tout de même 2,7 fois plus présente chez les gauchers que chez les droitiers.
De là à faire le lien avec le fait d’être gaucher, il n’y avait qu’un pas, mettant en exergue un point déjà connu des chercheurs le rôle du gène TUBB4B, qui code nos microtubules. Cette variante génétique rare met en effet en évidence les gènes impliqués dans les mécanismes de développement de l’asymétrie cérébrale chez l’être humain.
Une large part de hasard
Pour autant, les chercheurs estiment qu’il y a en fait une large part de hasard dans le fait d’être gaucher ou droitier : la latéralisation demeure une question soumise à bien des variations aléatoires au cours du développement du cerveau embryonnaire. Et ce même hors de toute influence génétique ou environnementale particulière.
Ainsi, il suffirait, selon les auteurs de l’étude, de fluctuations aléatoires dans la concentration de certaines molécules durant les étapes clés de la formation de notre cerveau pour influer sur notre latéralisation. Dans ce cas, l’ADN ne ferait en réalité que créer un « biais fort » faisant pencher la balance du côté gauche ou du côté droit. D’ailleurs, même des jumeaux, génétiquement identiques, peuvent être l’un gaucher et l’autre droitier…
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