Après quatre ans de négociations, les députés européens ont adopté de nouvelles règles pour l’agriculture et les produits bio, tout en s’engageant à soutenir le secteur et à renforcer les contrôles à l’importation. Ces nouvelles règles de contrôle et de certification de l’alimentation bio entreront en vigueur d’ici 2021.
Enfin, la libération des semences paysannes bio
Une des mesures phare, qui ne va pas plaire aux multinationales, autorise la « reproduction végétale de matériel hétérogène biologique ». En clair, c’est la fin de « la mainmise des grands groupes semenciers, estime l’euro-député José Bové sur le site Novethic. Elle va permettre la commercialisation de semences traditionnelles et encourager les paysans bios à réutiliser leurs propres semences »(1).
Les eurodéputés viennent donc d’autoriser les agriculteurs bio à vendre des graines paysannes, c’est-à-dire celles qui ne sont pas enregistrées dans le cahier officiel des espèces. Toutes les semences doivent y être inscrites. Or jusqu’ici, pour ajouter une variété de céréales, il faut débourser entre 6.000 et 15.000 euros, un coût trop élevé pour un agriculteur.
75 % des aliments de la planète proviennent d’à peine 12 espèces végétales et cinq animales
Pour rappel, de 1930 à 1965, le nombre de variétés de blé a chuté de 400 à 65. Pire, aujourd’hui, selon la FAO, 75 % des aliments de la planète proviennent d’à peine 12 espèces végétales et cinq animales. Ce qui signifie aussi que trois grands groupes, Monsanto, DuPontDow et Syngenta, ont le monopole des semences agricoles : ils possèdent plus de 53 % du marché mondial de la semence.
Des règles pour faciliter la conversion des agriculteurs
En outre, cette nouvelle réglementation a un enjeu de taille : celui de faciliter la conversion des producteurs européens vers une agriculture biologique. Ainsi, les petits exploitants se verront obtenir plus facilement la certification bio et ce, à travers une certification de groupe, qui permet à la fois un gain de temps et d’argent.
L’objectif étant d’attirer de plus en plus de producteurs agricoles vers ce secteur. Et les exploitations mixtes seront autorisées à condition que « les deux activités d’exploitation soient clairement et réellement séparées », précise le Parlement européen. Les exploitants seront cependant contraints de se plier à « de nouvelles mesures pour éviter la contamination » par des pesticides ou des engrais chimiques et synthétiques, au risque de perdre la certification bio.
De nouvelles règles pour renforcer les contrôles à l’importation
La nouvelle réglementation européenne, votée par les députés de Strasbourg, va permettre de soutenir le secteur de l’agriculture bio et de renforcer les contrôles notamment à l’importation. Elle vise à assurer la conformité du label vert.
Le marché bio est en plein essor, mais les conditions de production sont différentes selon les pays et l’UE n’impose qu’une « équivalence » avec les normes bio européennes. Or, près de 30 % des aliments bio vendus dans l’Hexagone proviennent aujourd’hui de l’étranger. « Des contrôles stricts et basés sur les risques tout au long de la chaîne d’approvisionnement », décrit le Parlement.
José Bové, interrogé par Ouest-France explique que cette réglementation permettra de « s’assurer du respect des règles strictes pour les importations : les produits qui rentrent dans l’UE doivent respecter les standards européens. Le bio importé devra être de la même qualité »[/source]https://www.ouest-france.fr/economie/agroalimentaire/reglementation-europeenne-les-semences-bio-ne-seront-plus-soumises-au-diktat-des-firmes-se-felicite-5708063[/source].
Illustration bannière : Champ de blé – © FR
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Bonjour, Auriez-vous la source du document de la commission européenne, car je ne vois cette affirmation nulle part.
Enfin, il a fallu des années de lutte pour que les semenciers traditionnels de semences bio gagnent et après le procès de Kokopeli.
Maintenant les échanges et ventes vont se développer en France et en Europe.
Je connais des agriculteurs bio de mon coin qui vont être super contents.