Tous issus du commerce équitable, aujourd’hui très à la mode, les superaliments sont devenus un filon pour l’industrie alimentaire des Andes. Si la demande augmente de mois en mois, l’offre doit suivre, au détriment parfois de la qualité de ces produits.
Entre 2011 et 2015, l’offre des superaliments a triplé
Les superaliments ne manquent pas d’arguments. Riches en antioxydants, vitamines, aminoacides, minéraux et fibres, graines de l’Altiplano (quinoa, kiwicha, kaniwa), au coeur de la cordillère des Andes, racines (manioc, poire de terre) et baies (calafate, goyavier du Chili) représentent un espoir pour prévenir les maladies cardiovasculaires, l’obésité ou le cancer, selon de nombreux experts. Avec toutes ces qualités, ils sont devenus très recherchés, notamment en Europe et aux États-Unis.
Ainsi, entre 2011 et 2015, la demande de ces produits naturels a triplé, selon Promperu, l’organisme chargé de promouvoir le Pérou. Preuve de cet engouement, les exportations ne cessent de progresser.
Celles de quinoa péruvien par exemple, déjà cultivé par les Incas, ont quadruplé en valeur entre 2012 et 2017, passant de 34,5 à plus de 124 millions de dollars. Alors que le pays ne représentait que 6 % de la production mondiale en 2000, il est en 2016 le premier producteur mondial, pour la première fois devant la Bolivie. Le sacha inchi, une noix riche en acides gras, a vu ses exportations plus que doubler et ce, rien qu’en 2017. On peut également souligner la belle progression de la lucuma, un fruit à haute teneur en vitamines.
Une appellation d’origine contrôlée réclamée
Mais le succès de ces produits, qui séduisent de plus en plus hors de leurs frontières, a une conséquence néfaste. Pour répondre à la demande, les producteurs ont accru les volumes de production.
Or, les propriétés de ces superaliments peuvent être altérées si le sol n’est pas adéquat. Ainsi, le quinoa est parfois soumis à de hautes températures lors de son conditionnement. Si elle est originaire de Bolivie et du Pérou, cette graine est désormais produite également aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Inde, en Chine et même en France. Pourtant, hors de son habitat naturel, elle peut perdre une partie de ses nutriments. Pour aider les consommateurs à identifier les meilleurs produits péruviens, des spécialistes plaident pour la mise en place d’une appellation d’origine contrôlée.
Les autres graines des Andes, comme la kiwicha, plus riche en calcium et protéines que le quinoa, et la kaniwa, qui contient plus de fibres et de fer, pourraient à terme rencontrer le même problème de déperdition de qualité que le quinoa.
Si ces superaliments plaisent autant, c’est aussi pour leurs vertus sanitaires. Les experts s’accordent à dire que ces baies, fruits et graines riches en vitamines peuvent aider à prévenir ou retarder les maladies chroniques non transmissibles, telles que le diabète. Une industrie a donc vu le jour autour de ces produits, comme la maca (une tubercule connue comme le viagra inca), le camu camu, fruit d’Amazonie qui contient autant de vitamine C que 60 oranges, ou la feuille de coca, très nourrissante.
Illustration bannière : Culture de quinoa en Bolivie – © Shanti Hesse
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Pour aller plus loin:
Le quinoa, les enjeux d’une conquête
Bazile, D. (QUAE Editions)
quae.com/fr/r3914-le-quinoa-les-enjeux-d-une-conquete.html