Affection rare, mais grave, le Syndrome du Choc Toxique (SCT) est une forme particulière de choc septique (forme grave de septicémie caractérisée par un état de choc), causé par le Staphylococcus aureus, mieux connu sous le nom de staphylocoque doré. Ce germe n’est pas dangereux dans la plupart des cas, et pour 30 % à 40 % de la population (hommes, femmes et enfants confondus), se retrouve même naturellement dans les membranes muqueuses du nez, mais aussi parfois de la gorge, de la peau, ou encore du vagin. Certains sont porteurs permanents de la bactérie, d’autres l’ont de façon transitoire.
Le syndrome du choc toxique, une menace invisible pour les femmes
Piqûre d’insecte infectée, brûlure ou opération chirurgicale… Ce redoutable agent infectieux sait profiter de toutes les opportunités pour se développer. Toutefois, la moitié des cas de syndrome de choc toxique rapportés sont associés à l’utilisation de dispositifs intra-vaginaux lors des règles, et notamment des tampons hygiéniques.
En effet, les protections sanitaires utilisées par la plupart des femmes lors de leurs règles favorisent la prolifération du staphylocoque qui reste « bloqué » à l’intérieur (du tampon ou de la coupe) où il trouve un terrain de culture propice, et se met alors à créer des toxines virulentes de type TSST-1.
Comment reconnaître les symptômes du Syndrome du Choc Toxique ?
Le SCT n’est pas contagieux. Les symptômes qui apparaissent en général de façon soudaine, pendant les règles, mais aussi juste après, et peuvent être confondus avec ceux de la gastro-entérite :
- fièvre soudainement élevée (39°C ou plus)
- vomissements
- maux de gorge
- diarrhée aiguë
- éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil
- rougeur de l’oeil
- douleurs musculaires
- fatigue ou faiblesse extrême
- étourdissements
- baisse de la tension artérielle, évanouissement
Dans les cas graves, ces symptômes s’accentuent au cours des 24-48 premières heures. D’énormes quantités de liquides et de minéraux essentiels pénètrent dans les tissus, l’irrigation sanguine diminue, la pression artérielle s’abaisse, le sang peut ne pas coaguler de façon adéquate, ce qui augmente le risque d’hémorragie.
Face à la toxine, les organes vitaux se mettent en mode de survie, aux dépens des extrémités, de moins en moins irriguées. Les muscles, les reins, le foie, le coeur et les poumons risquent également d’être endommagés par l’infection.
Le Syndrome du choc toxique avait presque disparu en France après le retrait du marché de modèles de tampons les plus dangereux : aucun cas n’a été recensé dans les années 90. Cependant, il semble faire son retour récemment avec 5 cas en 2004, et 22 en 2014.
Il semblerait qu’un grand nombre de cas légers du syndrome du choc toxique liés à l’utilisation de protections hygiéniques soient tout simplement confondus avec la grippe ou la gastro-entérite, sans que les symptômes graves énoncés ci-dessus ne se déclarent jamais.
Que faire à l’apparition des symptômes ?
Si vous commencez à vous sentir malade, retirez immédiatement votre protection hygiénique et contactez votre médecin traitant, ou rendez-vous directement aux urgences si nécessaire, pour recevoir un traitement antibiotique.
Peut-on se prémunir du syndrome du choc toxique ?
Tous les dispositifs introduits dans le vagin présentent un (faible) risque de SCT, y compris les tampons, les coupes menstruelles, les éponges , les diaphragmes…
Si toutes les femmes ne sont pas égales face au choc toxique, en respectant quelques règles de bon usage, il est simple limiter les risques :
- utiliser le tampon le moins absorbant possible : les utilisatrices ont tendance à laisser en place plus longtemps les tampons super absorbants. De plus, le staphylocoque produirait davantage de toxines avec ce type de tampon ;
- changer de tampon et vider sa coupe toutes les 4 à 6 heures ;
- en cas de règles abondantes, utiliser coupe menstruelle (ou tampons) et serviettes sanitaires, en alternance ;
- porter une protection hygiénique externe la nuit ;
- maintenir une bonne hygiène générale, plus particulièrement la région vaginale et les mains, et désinfecter sa cup à l’eau bouillante avant chaque insertion.
- retirer le dernier tampon ou sa coupe dès la fin des hémorragies menstruelles.
Rien ne sert de céder à la panique donc, prenons juste quelques bonnes habitudes.
Illustration bannière : Les tampons gardés trop longtemps peuvent être responsables du syndrome du choc toxique – © Ocskay Bence