Levées contre le glyphosate, les conditions d’élevage et d’abattage des animaux, les pratiques honteuses de l’industrie agro-alimentaire, prise de conscience des impacts environnementaux de l’alimentation… Les Français sont de plus en plus enclins à changer leurs pratiques quand il s’agit de remplir leurs assiettes. WWF France apporte la preuve en 10 points que la transition agricole et alimentaire est déjà bien lancé. À nos décideurs de jouer…
Transition agricole et alimentaire, c’est parti : la preuve par 10 du WWF France
Entre 2015 et 2016, l’agriculture responsable a gagné du terrain, les Français ont consommé de manière toujours plus éclairée, la restauration collective a amélioré ses pratiques et les nouveaux modes de distribution ont considérablement progressé.
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1 – Un changement de modèle agricole largement plébiscité
Un sondage Ipsos réalisé en octobre dernier pour le WWF France montre qu’une large majorité de Français souhaite une agriculture différente(1).
En France, les habitudes de consommation évoluent et on est conscient des risques environnementaux et de santé publique que fait courir le système agricole et agroalimentaire conventionnel.
2 – Les pratiques agricoles responsables gagnent du terrain
Augmentation du nombre de conversions d’exploitations, de la surface agricole en bio (+17 % en un an) et baisse de l’utilisation des antibiotiques en médecine vétérinaire, les producteurs améliorent leurs pratiques et une agriculture plus responsable semble gagner du terrain en France.
Le document du WWF France précise qu’à ce jour, 9 000 fermes sont certifiées HVE1 au niveau 2 (respect d’un référentiel des 16 exigences environnementales) et 786 au niveau 3 (stade le plus avancé en agroécologie).
3 – Le bio booste l’emploi
La filière bio présente une croissance moyenne de 8,4 % sur quatre ans en termes d’emplois, et elle en procure à présent 118.000 (emplois directs équivalent temps plein).
Un peu plus de 32.300 fermes bio du pays pèsent désormais pour 10,8 % de l’emploi agricole en France.
D’autre part, près de 15.000 entreprises (+10 %) travaillent pour la filière bio, et procurent plus de 47.000 emplois. Sur l’ensemble (production, transformation, distribution), la croissance est de l’ordre de 12 % en l’espace d’un an.
4 – Des habitudes de consommation de plus en plus responsables
L’année dernière en France, la consommation de produits certifiés bio a fait un bond dépassant les 7 milliards d’euros. Elle représente 3,5 % du marché alimentaire des particuliers.
Et, le changement des habitudes des Français se traduit aussi par plus d’achats de produits certifiés :
- commerce équitable (+ 42,8 % en 2016 par rapport à 2015)
- produits de la mer labellisés MSC (+35 %)
- poulets Label Rouge (+1,1 %)
5 – Moins de viande dans les assiettes
Si les Français ne semblent pas prêts à l’abandonner, la consommation la viande de boucherie (porc, boeuf, agneau, veau, cheval) est en baisse. C’est la volaille qui tire la consommation vers le haut.
En 2016, la quantité globale de viande consommée par les ménages était en baisse pour la deuxième année consécutive.
6 – Moins d’oeufs de poules élevées en batterie
Le bien-être animal est une question qui préoccupe les Français, et le sort des poules dans les élevages intensifs en batterie poussent les grandes et petites enseignes à exclure les oeufs produits de cette manière industrielle si cruelle.
Parallèlement, les oeufs élévage bio, plein air et sol, représentent près de la moitié en volume du marché des oeufs en France, qui est premier producteur d’oeufs de consommation dans l’UE.
7 – Le gaspillage alimentaire des magasins recule
Depuis la loi interdisant de jeter les invendus alimentaires, les 4 principales associations d’aide que sont les Banques Alimentaires, les Restos du coeur, le Secours Populaire, et la Croix-rouge française, ont vu le volume des produits frais collectés auprès des supermarchés augmenter de 20 à 30 % entre 2015 et 2016.
Sans le gaspillage alimentaire, le monde entier mangerait à sa faim, et les Français en prennent de plus en plus conscience même s’il reste néanmoins du chemin à parcourir.
8 – Des engagements pour mettre fin à la déforestation
Le 25 octobre dernier, 23 des plus grandes entreprises de l’agro-alimentaire mondiales se sont engagées à mettre fin à la déforestation dans le Cerrado au Brésil, en ne s’approvisionnant plus dans des zones récemment déboisées.
De manière plus générale, le Plan climat engage la France à mettre un terme à l’importation de produits forestiers ou agricoles contribuant à la déforestation dans le monde d’ici 2030, c’est-à-dire .
9 – La restauration collective s’améliore
Que ce soit dans les cantines scolaires, publiques ou privées, la part du bio et du local augmente.
En 2016, 6 cantines scolaires sur 10 ont une offre de plats bio (contre 4 en 2011) et en règle générale, la restauration collective se tourne vers les produits bio, d’origine française et régionale, et certifié durable.
Les restaurants ne sont pas en reste, et le bio s’invite de plus en plus sur les cartes.
10 – Apparition de nouveaux modèles de distribution
Si 45 % des produits bio sont écoulés par la grande distribution, on note l’émergence de nouveaux circuits plus courts et directs.
Dans nos villes et nos campagnes se développent :
- enseignes de distribution spécialisées bio (Biocoop, Bio c’ Bon, la Vie Claire etc.)
- AMAP : plus de 2.000 aujourd’hui, et 250.000 familles « amapiennes » consomment les fameux paniers AMAP.
- plateformes numériques dédiées aux circuits courts (La Ruche qui dit Oui, Le Comptoir Local…)
- supermarchés participatifs (La louve…)
Tous ces chiffres pointent vers une évidence : en France certains agriculteurs, consommateurs, collectivités locales et entreprises mènent déjà à leur échelle la transition vers un nouveau modèle agricole et alimentaire. Et toutes les avancées ne peuvent être ignorées
Alors si les Français sont prêts à participer à la transition agricole et alimentaire, ils attendent des engagements et des mesures concrètes, et ont impérativement besoin de politiques publiques qui l’encourage, et non la freine.