Les grands piliers de la production de fruits et légumes autant que de céréales et autres sont l’azote, le phosphate (ou phosphore) et le potassium. Quand on prend à la terre en récoltant, il faut logiquement lui rendre quelque chose sans quoi elle s’appauvrit. C’est, en passant, un des grands intérêts du compost. Et si, dans cet équilibre, nos urines avaient un rôle à jouer ?
Les urines : une source inépuisable de phosphates
Le phosphate est particulièrement important pour les plantes car il participe à la vitalité des racines, il aide les plantes à lutter contre les maladies, il joue un rôle dans la reproduction (et permet donc la production de fruits ou de graines) et permet aux plantes de transporter tous les nutriments dont elles ont besoin.
Mais le phosphate est une matière première que l’on extrait à grands frais de mines un peu partout dans le monde, et principalement au Maghreb, avant des les amener dans nos champs ou nos jardins. Si on imagine facilement que le bilan carbone d’un tel fonctionnement n’est pas des plus positif, le problème le plus urgent est avant tout qu’il s’agit d’une ressource limitée.
En effet, le pic de production mondial est prévu pour 2033 soit d’en à peine 15 ans. Commençons à penser à la suite !
Nos urines, l’or agricole de demain ?
Car oui, nos urines contiennent du phosphate… Ce même phosphate pollue nos cours d’eau car il s’y retrouve en trop grand quantité alors même que nous allons en manquer pour nos cultures. Les urines étant stériles (contrairement à nos selles) leur utilisation pourrait être d’autant plus facile que leur hygiénisation ne poserait que peu de problème.
Encore faut-il être capable de passer de l’évacuation de nos urines dans de l’eau potable, à un tri sélectif pour pouvoir les valoriser.
Les toilettes sèches ont le vent en poupe et c’est une très bonne chose, au moins en ce qui concerne les économies d’eau douce. Mais le retraitement des déchets n’est pas toujours si évident, notamment pour ce qui concerne nos selles… Il ne faut pas oublier que, si l’humanité s’est équipé de réseaux d’assainissement, c’est bien parce que nous devions faire face au choléra et bien d’autres maladies.
Heureusement, cela ne concerne pas nos urines qui elles sont stériles !
Une démarche impossible ?
Apparemment pas. Une réelle prise de conscience de la problématique agricole face à l’environnement et une plus grande connaissance du public dans la biologie humaine rendent les choses possibles.
Si les démarches de récupération de l’urine afin de les valoriser en agriculture en Afrique sont nombreuses, les choses avancent aussi en Europe et en France. Des urinoirs mobiles sont commercialisés à Paris, une entreprise française à inventer des toilettes publics transformant directement l’urine en engrais, une entreprise zurichoise commercialise un engrais pour lequel elle collecte l’urine dans de nombreux immeubles équipés spécialement…
Au final, avec une ressource durable disponible en grande quantité pour un marché mondial énorme, pas si étonnant que cela intéresse !